LE CENTRE DE L’HISTOIRE

À l’ère du streaming, du « mode aléatoire » et des playlists personnalisés, on perd l’habitude d’écouter un album du début à la fin. C’est quand même une pratique que je recommande (même si je suis sans doute un peu rétro !), car cela permet d’expérimenter l’album d’une manière plus profonde, en tant qu’œuvre d’art avec une forme globale, voire une histoire. Très souvent l’un des morceaux semble se démarquer comme le point central. Si vous deviez me demander quel chant joue ce rôle pour notre album Contemplez Christ, je répondrais sans hésitation : Jésus élevé. Bien que tous les chants - chacun une vignette musicale de la personne ou de l’œuvre du Christ - visent à recentrer notre vision sur lui, c’est Jésus élevé qui présente la centralité du Christ d’une manière explicite, et qui est donc emblématique de tout l’album.

La Bible met en lumière la centralité de Jésus de plusieurs façons. Il est la solution au problème du péché, irrésolu tout au long de l’Ancien Testament. Il est la réalité dont les « images » ou les « ombres » de l’Ancien Testament sont l’avant-goût (Hé 8.5). Il est la réalisation des promesses et des prophéties. Mais sa centralité est présentée d’une autre manière qui est souvent ignorée : il est au centre de l’histoire - et cela dans les deux sens du terme. Il est au centre du déroulement du temps et de l’espace du début jusqu’à la fin, et il est au centre du grand drame éternel conçu et mis en place par Dieu le Père. À l’ère du « mode aléatoire » et de la religion personnalisée, combien nous avons besoin de prendre le temps pour écouter son histoire du début à la fin.

Je me souviens d’avoir écouté il y a quelques années une série de prédications du théologien américain John Piper*. Il expliquait que nous avons tendance à nous placer au centre des projets de Dieu. Nous savons que Dieu nous a sauvés parce qu’il nous aime (et c’est merveilleux !) ; mais on s’arrête là comme si nous étions le but final. Mais bien avant la création du monde et de l'humanité, la Trinité existait déjà dans le bonheur parfait. Le Fils était la prunelle des yeux du Père, son précieux joyaux (Jn 17.24) ; de même, il était le reflet parfait de sa nature et de son caractère (Hé 1.3). Le Père a donc élaboré un grand plan - une histoire ! - pour magnifier la gloire de son Fils.

En premier lieu, il allait tout créer par et pour son Fils (Col 1.16) afin de manifester sa gloire. Mais le cœur de l’intrigue allait être un retournement de situation (coup de théâtre ?) époustouflant. Le Fils lui-même descendrait sur terre, sa gloire temporairement voilée. Il ferait connaître le Père aux hommes pécheurs, et enfin il mourrait sur une croix afin de les racheter. Dans ce moment apparemment honteux, le Père ferait briller sa gloire dans la personne de son Fils - surtout la gloire de sa grâce - et réunirait toutes choses sous l’autorité du Fils (Ep 1.5-10). C’est donc à la croix que sa gloire a resplendi d’une manière ultime (Jn 17.5).

Et quel est le dénouement de l’histoire ? Nous, ses rachetés, sommes comme des petits miroirs sauvés pour refléter la gloire du joyau qui est le Fils - non pas parce que nous sommes glorieux mais parce que nous sommes la preuve de l’immensité de sa grâce. À jamais nous chanterons les éloges du Fils à la gloire du Père (Ph 2.6-11) !

UN APERÇU DE JÉSUS ÉLEVÉ

Combien nous avons besoin de recentrer notre vision de l’univers, du salut et de nos propres vies sur cette grande histoire ! Et ne serait-ce pas merveilleux de pouvoir chanter cette histoire ?! C’est ainsi que Jésus élevé est né. Par une belle matinée ensoleillée au printemps 2021, assis sur un banc dans un arboretum, Fiona et moi avons tracé les grandes lignes du chant. La gloire du Fils resplendissait par sa création tout autour de nous. Les idées coulaient.

Nous avons cherché à dépeindre la gloire du Père reflétée dans son Fils avant la création, avant que naisse même la lumière (strophe 1). Nous avons sondé le langage biblique pour décrire la gloire du Fils dans sa création (strophe 2). Nous avons tenté d'exprimer la merveille du Fils éternel devenu homme et crucifié pour faire briller la gloire de sa grâce (strophe 3). Et nos réflexions ont culminé à une contemplation de l’exaltation éternelle du Fils ressuscité (strophe 4).

Au cours de plusieurs mois, avec l’aide des autres membres du collectif, nous avons peaufiné les paroles et avons passé par plusieurs versions de la mélodie avant d’arriver à sa forme finale. L'ambiance musicale des strophes cherche à communiquer la merveille de l’histoire, alors que le refrain est une déclaration confiante, joyeuse et rassembleuse. Les différents tournants de l’histoire sont reflétés dans un arrangement plein de diverses émotions - de l’émerveillement à la louange, de la fragilité à la victoire.

COMMENT UTILISER JÉSUS ÉLEVÉ DANS L’ÉGLISE ?

Nous sommes toujours très encouragés, dans nos églises et lors de nos concerts, en voyant des personnes d’arrière-plan très divers unis chanter ces paroles avec joie et conviction à la gloire de Jésus. Nous trouvons que ce chant peut servir d’appel à l’adoration au début d’un culte, ou à la fin comme un appel à vivre pour Christ. Il complémente aussi toute prédication au sujet de la personne de Jésus ou des projets de Dieu.

Nous avons tous tendance à vivre comme si nous étions au centre de notre propre histoire. Mais les milliards de vies humaines sont simplement des intrigues secondaires entrelacées dans l’intrigue centrale dont le personnage principal est Christ, comme les planètes tournent autour du soleil. Notre propre histoire n’a de sens que lorsqu’elle est centrée sur Christ. Nous espérons que Jésus élevé vous aide, vous et votre église, à replacer Christ au centre de votre histoire.

Chantons à pleins poumons et que Jésus soit couronné par les éloges de ses rachetés !

*The Pleasures of God, https://www.desiringgod.org/series/the-pleasures-of-god (consulté le 12 septembre 2024), et surtout les prédications « The Pleasure of God in His Son » et « The Pleasure of God in Bruising the Son ». Cette série existe aussi sous forme d’un livre, traduit en français : Les plaisirs de Dieu, John PIPER, 2006, Ministères Multilingues, 392 p.